Le guide d'écoconception de services numériques (2020) par Le collectif des Designers Ethiques
Ce guide est globalement orienté vers une utilisation de l’écoconception pour les sites web et les applications, mais de nombreux principes peuvent être réalisables et/ou réutilisées pour la conception du navigateur Ecozilla. En effet, le principal intérêt de cet article, n’est pas les solutions proposées, mais les démarches et les méthodes de pensées employées, qui ont conduits à une classification (sans ordre particulier) de ces “règles” d’écoconception.
Pourquoi un navigateur écoconçu ?
Il est évident qu’à l’heure actuelle, se diriger vers la sobriété environnementale n’est plus une possibilité, mais une nécessité, tout du moins, une conception plus respectueuse de l’environnement est grandement recommandée. Cela passe notamment par un changement des modes de consommation globale de la population, et ce notamment dans le domaine du numérique. Concepteur ou utilisateur, chacun doit améliorer ses comportements numériques pour permettre ainsi de réduire l’impact environnemental du numérique. En effet, il est estimé que, d’ici 2025, si aucun changement n’est opéré, la part du numérique dans le rejet de CO2 pourrait doubler (on parle d’environ 3% des rejets mondiaux de CO2). Néanmoins, le CO2 n’est pas le seul enjeu environnemental attribué au numérique, l’utilisation des terres rares mais aussi de l’eau pour la création des appareils électroniques (provoquant pollution des eaux et réduisant ressources disponibles). C’est pourquoi il faut lutter contre l’obsolescence programmée et concevoir un web interopérable, pour éviter au plus de changer ses appareils électroniques (ce n’est pas l’utilisation en soit des appareils numériques le plus gros problème, mais c’est bien l’ensemble des processus de création qui est problématique). Ainsi notre projet de navigateur web écoconçu/respectueux de l’environnement rentre dans cette problématique, il est urgent de concevoir et d’utiliser un navigateur qui favorise la sobriété énergétique.
Bloquer certaines fonctionnalités
Aujourd’hui, l’obsolescence des appareils numériques est en grande partie causée par la couche logicielle. Si l'on veut réduire son impact environnemental, il nous faut donc concevoir un navigateur qui favorise la sobriété énergétique et donc améliore le référencement des sites internet ayant l’impact environnemental le plus faible (tout en gardant une recherche pertinente). Si l'on se base sur Google, son moteur de recherche, est relativement écoconçu. En effet, la page d’accueil est sobre et demande peu de ressources, et, de plus, les sites bénéficiant d’un bon référencement lors des recherches sont des sites écoconçus, non pas car Google les privilégie, mais parce qu’ils rentrent souvent dans les exigences d’accessibilités. Il serait alors intéressant d’orienter le référencement des résultats d'Ecozilla vers des sites plus respectueux de l’environnement et beaucoup plus légers, ne demandant pas beaucoup de ressources.De plus, n’étant pas une entreprise commerciale, Ecozilla n'aurait pas besoin de “business model”, et donc la mise en place d’un bloqueur de pub est une solution envisageable, favorisant également la mise en place d’une restriction sur l’achat de référencement, comme chez Google par exemple.Aussi, de nombreuses fonctionnalités présentes sur les pages internet sont des “fioritures”. Des vidéos se lançant en fond, aux photos individuelles de chaque membre en passant par l’utilisation quelconque de nombreuses fonctions JavaScript (qui demande beaucoup de ressources processeurs et multiplie les requêtes vers le serveur), il pourrait être intéressant de pouvoir bloquer certaines de ces fonctionnalités. Par exemple, les vidéos se lançant automatiquement pourraient être remplacées par une simple image qui, lorsque l’utilisateur décide de regarder la vidéo, ouvre une nouvelle page avec cette fois-ci la vidéo (solution de YouTube pour avoir des temps de chargement correct). Par ce simple exemple, on comprend qu’avec de l’imagination et un peu d'investissement, il est possible de réduire drastiquement l’impact des sites internet sur l’environnement, mais, comme tous les sites ne sont pas prêts à faire ces changements, il faudrait donc créer un navigateur intentionnellement limité pour forcer les développeur à être créatifs, et utiliser des solutions beaucoup moins coûteuses pour l’environnement. Ou bien, si l'on sort du contexte du navigateur, nous pourrions imaginer la possibilité de “nettoyer” internet, notamment en supprimant les contenues non consultés depuis quelques années, par exemple.
En résumé
De nombreuses questions se présentent à nous suite à la lecture de ce guide de l’écoconception, et ce notamment sur nos besoins en tant qu’utilisateur des services numériques. A-t-on aujourd’hui besoin de toutes ces fonctionnalités JavaScript sur les sites internet ? A-t-on besoin de connaître l’état de la bourse, ou la météo pour faire une simple recherche sur Yahoo ? A-t-on besoin d’afficher l’emplacement d’un lieu sur une carte, alors que l’on ne sait pas où l’on veut aller ? Sont-ce des vrais besoins, ou bien une simple question d’habitude ? Mais surtout, dans quelle mesure notre navigateur peut-il améliorer l’impact environnementale sans détériorer l’expérience utilisateur (ou serons-nous obligés de changer nos habitudes pour respecter l’environnement ?) ?Ces différentes questions nous amènent à penser à l’utilisation d’un navigateur sobre en fonctionnalités qui accompagnerait notre transition et la recentralisation de nos habitudes, accessibles à tous, et surtout efficace dans ses recherches (bien que ce guide ne nous permette pas totalement d’approfondir plus le sujet).