Ynsect, ferme à élevage d'insectes
Ynsect est une industrie d’élevage d’insectes verticale (leader mondial), destinés à la production d’alimentation animale (bétails, animaux de compagnie), d’alimentation humaine et de fertilisant. Elle souhaite mettre les insectes à la base de la chaine alimentaire.
C’est une entreprise internationale, fondée en 2011 par 4 militants écologistes (ingénieurs et commerciaux). En 2022, leur chiffre d’affaires était de plus de 3M d’euros. Il y a un site de production aux Etats Unis et deux en France.
L’entreprise revendique un engagement sociétal important, elle détient de nombreux labels et souhaite participer à l’économie circulaire.

Marchés
Les marchés sont l’alimentation animale, suite à l’approbation réglementaire de l’UE.
La poudre de larve de molitor convient à la nutrition des poissons et des crustacés (entre 5 et 30% des rations). Les protéines d’insectes montrent selon des études des bénéfices sur le rendement et la baisse de maladies par rapport aux protéines animales conventionnelles.
Les excréments des insectes sont valorisés comme fertilisants, utilisables en agriculture biologique.
Le marché de l’alimentation humaine est aussi en développement, évoluant avec les réglementations européennes, et les produits sont très riches en protéines, et conviennent notamment aux sportifs (l’entreprise a des contrats sur les marchés du sport et de la nutrition).
Technologies
Ynsect se présente comme étant à la pointe de la technologie, et investit beaucoup dans la recherche. 440 brevets ont été déposés par l’entreprise. Le pôle R&D est très développé et, en 2021, plus de 100 ingrédients à base d’insectes avaient été testés et plus de 12000 études avaient été conduites. C’est la première entreprise qui intègre une sélection génomique à grande échelle appliquée aux insectes.
Il y a un contrôle de tous les paramètres (quantité de nourriture à donner aux insectes, température, humidité, densité de la colonie optimale,…) avec des outils informatiques, robotiques, et des intelligences artificielles. Ce sont des robots automatisés qui gèrent les opérations de tri et d’alimentation, et l’IA analyse la croissance des insectes, leur température optimale et leur nourrissage, à l’aide de capteurs. Il y a un premier modèle prédictif et un second qui fonctionne par apprentissage continu.
Le modèle de la “fermilière” est utilisé, bioinspiré par la fourmilière, avec des réseaux de tunnels qui desservent des niches superposées pour les ventiler.
95 % des larves d’insectes utilisés pour la production d’huile et de protéines et 5 % deviennent adultes pour la reproduction des scarabées.
Ambitions, impacts et engagements
L'ambition d'Ynsect est de produire de l’alimentation durable, de qualité. L’entreprise souhaite s’inscrire dans une démarche d’économie circulaire, avec notamment le recyclage des déchets en engrais.
L’entreprise a créé une direction “impact” destiné à comptabiliser le carbone émis. Son programme “rewilding the world” protège des terres et les “rend à la nature”. Elle a la certification B Corp, accordée aux entreprises qui cherchent à construire une économie plus juste, inclusive et durable. Elle est dans le pacte mondial des Nations Unies, où les membres doivent être aligné avec les principes de développement durable, “plateforme de leadership volontaire pour implanter et partager des pratiques responsables en Business”. Enfin, elle est dans le pacte parité qui a pour but de construire un environnement de start up pus égalitaire. On peut ajouter que le projet a eu plus de 60 récompenses (pris de l’innovation 2012, MIT Technology review, grand prix national de l’ingénierie 2020, etc).
La farine d’insecte fait partie des solutions selon la fondation Solar Impulse pour protéger l’environnement de manière durable et rentable. En effet, l’élevage d’insecte émet 40 fois moins de CO2 que l’élevage bovin, car il consomme moins d’énergie et n’émet pas de méthane. De plus, ils utilisent 40 fois moins de terre grâce à la culture verticale et leur petite taille. La farine d’insectes offre une alternative aux farines de poissons sauvages utilisées pour les poissons de pisciculture, 1 tonne de protéine d’insectes équivaut à 5 tonnes de poissons pêchés. La consommation en eau est 30 fois inférieure à celle du porc, de par l’élevage et la transformation du produit, moins gourmande pour les insectes. De plus, le but est de remplacer les protéines issues du soja brésilien dans l'alimentation animale, pour réduire la déforestation, le transport et augmenter la souveraineté alimentaire.
Ynfarm, ferme verticale usine dans les Hauts de France
Les travaux ont débuté en 2020 (et ont été ralentis par le Covid-19), la surface totale de production est de 45000 mètres carrés, sur 18 hectares avec des tours de 36 mètres de hauts. C'est la plus grande unité industrielle automatisée pour la production d’insectes. Elle s'inscrit dans un projet de réindustrialisation et ambitionne de créer 500 emplois directs et indirects. L'objectif à terme est de produire 150 000 tonnes par an.
Selon leur site internet, elle permet d'économiser 360 hectares de culture et d’éviter le rejet de 260 kilotonnes de CO2. Elle est carbone négative, c'est-à-dire que sur l’ensemble de sa chaine de valeur séquestre plus de CO2 qu’elle n’en produit.

Situation économique actuelle
L’entreprise a été financée par plusieurs levées de fond à hauteur de 435 million de dollars (en 2021), notamment publique (Ademe, Bpifrance, UE).
Depuis le 26 septembre 2024, l’entreprise a été placée en procédure de sauvegarde. Il y a plusieurs causes à cela : le retard des travaux de l’usine à Poulainville créé par le Covid-19, le modèle économique car les farines d’insectes coutent plus cher que celles de soja ou de poisson, et que les marchés de l’alimentation humaine ou des animaux domestiques. Certains critiques aussi les investissements qu’a fait la start up et le rachat de nombreux concurrents avant sa réelle implantation.
Pistes à creuser pour l'analyse critique
Exaptation : qu’est ce que ça va transformer ? (arrive quand quelque chose se massifie, recomposer le modèle agricole, en amont et en aval, ce dont ça a besoin et ce que ça ferait)
S'i il y en a partout qu’est ce que ça ferait ?
L’engagement de l’entreprise semble sincère et sérieux. Tant dans les études que les démarches et labels présentés sur le site.
Ynsect présente une vision de l’écologie, et des solutions aux crises environnementale et démographiques où la technologie est une solution importante, et a une place déterminante. Approche assez technosolutionniste.
Pose question sur la convivialité technique, l’appropriabilité et la résilience de ces système.
L’entreprise souhaite avoir le monopole de part les brevets et le rachat des entreprises concurrentes.
Dit vouloir participer à la souveraineté alimentaire, mais le manque d’appropriabilité possible du projet s’y oppose fondamentalement.
Sur leur site on peut lire “La déployabilité de notre technologie permet la construction de fermes verticales dans n’importe quel endroit autour du monde. Cela signifie non seulement plus de contrôle, de stabilité et de transparence de nos chaînes d’approvisionnement, mais également la valorisation de coproduits locaux, ce qui favorise la circularité.” Nous pouvons, de manière légitime, nous questionner sur la réelle déployabilité de la technologie partout dans le monde, c’est un discours qui ne prend pas en compte de prime à bord le milieu, et considère pouvoir s’en affranchir.
“foodtech” il faut creuser les recherches dessus, voir s’il n’y a pas des analyses du mouvement.
Est ce que les problèmes financiers de l’entreprise sont dûs à une mauvaise prise en compte du milieu ?