L'autopartage

Définition de l'autopartage

L'autopartage se démarque du covoiturage car il consiste à partager un véhicule dans le temps et pas en même temps, ce qui a pour effet d'augmenter le nombre d'utilisations de chaque véhicule par jour et de diminuer le nombre de véhicules en circulation. D'après une étude du cabinet 6t, commandée par l'ADEME, un véhicule auto-partagé peut remplacer entre 4 à 8 véhicules. L'autopartage évite les formalités de la location classique. La facturation est fonction de la distance parcourue et la durée correspondante, contrairement au service de location traditionnelle où la logique est forfaitaire.

Les trois formes d’autopartage destinées aux particuliers

En 2013, dans « les transports urbains », Bruno Cordier distingue les 3 différentes formes de partage de voiture qui existent :

  • L'autopartage entre particuliers : c'est la mise en commun de véhicules entre personnes se connaissant déjà (amis ou collègues) en vue d'économies et de partage utile. Ce type d'autopartage est le plus répandu, dans la ville ou la banlieue, enfin il est le moins coûteux car ne passe pas par une plateforme et le (ou les) propriétaire ne cherche pas à gagner de l'argent.

  • Location entre particuliers: La location se fait via une plateforme entre particuliers ne se connaissant pas, système émergent et récent, coût 2 fois supérieur à l'autopartage entre particuliers car le locataire a à charge les coûts relatifs à la location, aux km parcourus et au plein d'essence.

  • Le service d'autopartage: On loue un véhicule à une plateforme et on la retire à une borne, ce service couvre surtout des locations courtes moyenne durée, la location se fait à l'heure et au nombre de kilomètres parcourus, un abonnement au service est également nécessaire.

L'autopartage en France et en Europe : état des lieux et perspectives

D'après les études de R.Clavel, M.Mariotto, B.Arsac en 2019 ainsi que l'article de l'étude gouvernement « l'autopartage en France, les 3 aspects caractéristiques de l'autopartage en France sont: 

  • La possibilité d'emprunter un véhicule pour une durée courte à moyenne

  • L'emprunt est rendu possible par un abonnement ou un paiement classique qui permet la location du véhicule, ceci étant fait, la plateforme met un véhicule à disposition à récupérer en borne par exemple.

  • Le coût de l'emprunt est variable en fonction du nombre de kilomètres parcourus ou le temps d'utilisation (surtout dans les grandes villes), la majorité des déplacements effectués sont de courtes durées et de proximité. L'autopartage permet de réduire l'utilisation systématique de la voiture individuelle. Ce service permet au plus grand nombre de se déplacer dans une ville plus saine.

Moins de voitures => circulation plus fluide et moins de pollution, limitation de l'impact de la voiture sur l'espace public en économisant de l'argent.

Etat des lieux des services d'autopartage en France

D'après l'étude très complète de l'ADEME sur l'autopartage en France de 2022 :en 2019, le nombre de structures qui proposaient un service semblable à l'autopartage était de 19, elles étaient essentiellement présentes dans les villes de plus de 100 000 personnes où les bornes peuvent permettre de désengorger le trafic rapidement. Un exemple de structure: Okigo présente à Paris et sa proche banlieue. Des grandes villes comme Lille, Nantes, Bordeaux ou encore Toulouse étaient déjà pourvues d'un réseau d'autopartage en 2019. Des villes comme Paris, Strasbourg ou encore La Rochelle possédaient déjà plus de 50 voitures (aujourd'hui multiplié par 2 jusqu'à 4). L'autopartage est donc une solution majoritairement dans les zones fortement peuplées.

Toujours selon cette même étude, la majorité des voitures mises à dispositions utilisent des énergies non renouvelables (43% essence et 42% Diesel). La durée moyenne d'utilisation est de 5 heures, la distance moyenne est d'une cinquantaine de Km en zone urbaine.

Selon l'étude de l'ADEME ainsi que tous les autres sites étudiés, il s'avère que ceux qui souscrivent à un service d'autopartage le font avant tout pour des raisons financières : cette solution est plus économique que l'achat d'un véhicule et des raisons écologiques. En 2008, la France comptait 9 400 abonnés et encore davantage d'utilisateurs (un abonnement pouvant servir à plusieurs utilisateurs tant qu'il n'y pas de réservations simultanées). "En 2007, l'autopartage ne regroupait que 6 000 adhérents, soit une augmentation en un an de 57 % de la clientèle."

Plus qu'un quart des automobilistes prêts à renoncer à leur voiture si l'inflation perdure !

Interroger les pratiques changeantes des utilisateurs et les alternatives possibles envisagées par ces derniers.

Selon l'étude commandée par l'ONISR (cf glossaire) et réalisée par l'institut Yougov en octobre 2022:

  • 26% des utilisateurs disent pouvoir se passer de la voiture dans le futur. Pour les habitants des grands villes, avec plus d'alternatives proposées ce chiffre monte à 42%, ce qui s'explique par une offre plus intéressante de transports en commun.

  • "Si une majorité de la population exprime encore le souhait ou le besoin de conserver sa voiture, les automobilistes sont prêts à changer leurs habitudes de conduite et de déplacement dans le but de réduire leurs dépenses". Comme nous l'avons souligné auparavant, la raison principale pour un passage à l'auto partage est financière.

  • 61% des Français sont pour le remplacement de la voiture par des mobilités douces.

  • Pour les conducteurs qui souhaitent ou qui ont besoin de changer leur véhicule, l’occasion reste perçue comme l’option la plus économique pour 56 % d’entre eux, bien que les prix soient à la hausse.

Combien d'économies par an en autopartage par rapport à la voiture individuelle ? 

D'après plusieurs sources internet dont un article Mobicoop : Le coût annuel moyen d'une voiture se situe entre 4500 et 6000 euros. Ce chiffre prend en compte l'achat du véhicule, l'assurance, l'entretien, le carburant, les péages, les frais financiers. Il représente en moyenne 10% du budget annuel d'un ménage ce qui est non négligeable pour un appareil le plus souvent à l'arrêt.

Pour notre projet, cette contrainte budgétaire sera à prendre en compte. Ainsi, d'après l'étude sur l'autopartage de l'ADEME, 2022 :

  • Pour l'autopartage en boucle (la voiture doit être retournée au même endroit qu'au départ, avec abonnement et renseignement à l'avance de la durée d'usage), c'est en moyenne 2.8 locations par mois par utilisateur, dans 64% des cas pour moins de 4H et 35% plus de 24h, la moitié des déplacements se fait sur moins de 50 km, et 30% entre 50 et 200Km. Pour un coût médian de 35 euros. Par an on estime donc le coût moyen de l'autopartage en boucle à 1176 euros.

  • Le free-floating compte pour 3.1 locations par mois, 65% de moins d'une heure et de moins de 20 km. Le coût médian est de 10 euros ce qui représente un coût annuel de 360 euros ! Ces locations sont très courtes, régulières, pour des trajets dans l’agglomération de résidence et pour des déplacements du quotidiens pour les usagers du free-floating.

Combien sur la diminution des émissions de C02 ?

L'étude de l'ADEME, 2022, estime qu'un utilisateur d'autopartage réduit de 10% ses émissions de gaz à effet de serre et de près d'un tiers l'utilisation de sa voiture personnelle ! "Ces chiffres placent l’autopartage comme une solution économique, écologique et souple dans la réduction de la consommation d’énergie et des émissions de polluants." (ADEME)

Quels profils pour l'autopartage ?

Comme observé par l'ADEME en 2019, l'autopartage en boucle reste majoritairement une mobilité utilisée par les Hommes (55% des usagers), de 40 à 50 ans, vivant dans une agglomération de plus 200 000 habitants (86%), actifs (80%), très diplômés (58% ont un bac +5 ou plus, contre 10,5 % de la population nationale) et peu motorisés (74% des auto partageurs ne possèdent pas de véhicule contre 30% des ménages français).

Les trois quarts sont des habitants des centres-villes et des agglomérations et seuls 4 % se trouvent en zone rurale. 86 % sont des diplômés du supérieur et 61 % des cadres et professions intellectuelles supérieures. 

L’usage de l’autopartage en boucle accroit celui des modes de transports collectifs et actifs (vélo et marche à pied). Ceci étant évidemment dû à la situation socio-économique des usagers aisés qui peuvent plus facilement se passer de leur voiture que ceux des classes moyennes qui s'éloignent de la ville le plus souvent. Par ailleurs l’inscription a un service d’autopartage s’explique en premier lieu par une utilisation se faisant en complément des transports en commun ou des modes actifs.

Combien de voitures sont remplacées par les voitures partagées ? 

De nombreux articles évoquent le chiffre de 5 à 9 voitures individuelles qui pourraient être remplacées par une voiture partagée en zone urbaine, les ruraux pouvant moins s'en passer. Ce chiffre est très encourageant et réalisable à condition de pouvoir compter sur un service adaptatif aux besoins "en direct" .

L'étude commandée par l'ADEME, arrive aux mêmes résultats: Une voiture en autopartage en boucle remplace entre 5 à 8 voitures personnelles, et libère entre 0.9 et 3 stationnements de voierie. 

De plus, l'autopartage conduit même ses utilisateurs à changer leurs habitudes de mobilité en favorisant des transports en commun, le vélo ou la marche. Ceux qui décident d'abandonner leur voiture complètent leurs déplacements par des mobilités douces par souci de cohérence avec leur démarche.

On estime que ces services réduisent de 10000 à 30000 kilomètres par ans les trajets en voiture des utilisateurs, parce qu'ils covoiturent ou privilégient les transports en commun. Les autos partageurs possèdent également moins d'automobiles : 77 % d'entre eux affirment que « leur ménage s'est séparé d'au moins une voiture parce que l'utilisation de l'autopartage était suffisante ».