Prolétarisation

Concept

Nous pouvons étendre notre critique en utilisant les concepts de la prolétarisation et la déprolétarisation, qui sont les sujets du chapitre 13 du manuel, écrit par Nicolas Brault & Matthieu Tixier. Dedans il est expliqué que la prolétarisation est le processus qui conduit à une perte de connaissances et de savoir faire des travailleurs et travailleuses. Je cite c’est [priver un sujet (producteur, consommateur, concepteur) de ses savoirs (savoir-faire, savoir-vivre, savoir concevoir et théoriser)]. Fin de la citation. Cela a pour origine la figure du prolétaire, un ou une travailleur exploité et dépossédé de ses moyens de production. Ce processus de prolétarisation est très lié au développement des techniques, aujourd’hui numériques et industrielles ainsi qu’à des objectifs de production toujours plus importants.

Par rapport à la conception orientée milieux, ici les idées de prolétarisation et de prolétarisation s’axent surtout sur les relations, au sens large, entre humains que ce soit des relations amicales, professionnelles, familiales, mais aussi les relations avec la technique et le savoir. Introduire une nouvelle technique va reconfigurer le milieu et entraîner soit un prolétarisation c’est ça dire un appauvrissement des relations soit un déprolétarisation c’est-à-dire un enrichissement des relations du milieu, tant en quantité qu’en qualité.

Exemple de Uber Eat

L’exemple le plus évident est celui de uber eat, une application de livraison de plats à domicile, en plus des problématiques de prolétarisation matérielles bien connues, liées au caractère précaires des emplois de livreurs, l’application appauvrit terriblement les relations entre les différents acteurs. On se rend compte que la fonction de lien entre les restaurateurs et les clients qu’avait le serveur est complètement perdue, et les seules conversations qui demeurent sont complètement stéréotypées. Le travailleur est employé par un milieu lointain et il est dissocié du milieu dans lequel il travaille. En automatisant les processus, notamment à travers les algorithmes et l’intelligence artificielle, les machines participent grandement à cette mise à cette mise à distance du savoir.

La perte de savoir faire par les fermes verticales

On se rend compte en parlant de tout cela qu’on peut assez directement faire le lien avec les fermes verticales, et on peut facilement imaginer comment elles créent des milieux appauvris tant aux niveaux des relations interpersonnelles et des relations à la technique. En effet, une personne qui travaille dans une ferme verticale sera au final très déconnectée de sa production, et de l’autonomie de sa production. Comme nous l’avons expliqué précédemment, elle sera d’abord très dépendante de la structure, de différents flux et des technologies. Ensuite, elle est dépossédée de toute liberté de choix liée et n’a plus de connaissances réelles liées à la production si on compare avec un paysan. Travailler dans une ferme verticale devient un travail ouvrier aliénant

En ce qui concerne les relations, nous perdons avec les fermes verticales, absolument toutes les relations qu’on retrouve entre producteur et consommateurs en circuit courts, dans les marchés notamment. Le consommateur n’a plus l’occasion d’échanger avec le producteur, d’exprimer ses attentes, ses déceptions, ses satisfactions. Chacun est isolé et se déconnecte. Les différents milieux se retrouvent éloignés, et alors la production de notre alimentation paraît lointaine et abstraite. C’est un paradoxe quand un des objectifs des fermes verticales est de rapprocher les productions alimentaires en ville. De plus, cela participe à une forme d’indifférence, les consommateurs ne se sentent plus concernés, et c’est une problématique qu’on retrouve beaucoup de nos jours au niveau des impacts de nos consommations. L’alimentation produit ⅓ des émissions de gaz à effet de serre, et la prise de conscience passe probablement avec une reconnexion avec le milieu.

Donc par rapport au travailleur et travailleuses des fermes verticales, la prolétarisation met en lumières plusieurs problèmes, soit une qualité de travail faible, avec des tâches répétitives et peu stimulante, puis une dépossession de la production, avec notamment beaucoup d’ordres provenant d’algorithmes, et enfin l’appauvrissement des relations avec l’extérieur.