L'ecoconception du numérique

Titre : L’écoconception d’un service numérique : des actions pour réduire l’impact environnemental du numériqueAuteurs : Cyrille Bonamy, Cédric Boudinet, Laurent Bourgès, Karin Dassas, Laurent Lefèvre, Benjamin Ninassi, Francis VivatDate de publication : 6 mai 2022 Source : 

https://hal.science/hal-03660118/document/

L’écosystème numérique mondial serait à l’origine de 2 % à 4 % — selon les études — des émissions de gaz à effet de serre (GES) sur la planète, soit jusqu’à deux fois plus que le transport aérien. La priorité de l’écoconception de service numérique doit donc être de limiter l’obsolescence des équipements et la nécessité d’en fabriquer de nouveaux. L'incidence du service numérique sur l’environnement peut se faire jour à toutes les étapes du cycle de vie du service ! De façon générale, plus la prise en compte des aspects environnementaux intervient tôt dans le cycle de vie, plus l’effet est important. Il est donc possible, comme nous allons le voir, d’agir à chaque étape du cycle de vie du service numérique. Plusieurs actions possibles à toutes les étapes du cycle de vie : 

Phase « avant » : on définit quels besoins cherche-t-on à satisfaire ? Quels seront les utilisateurs ? Quels usages en feront-ils ? Pour résumer, dans la phase « avant », on définit le « quoi ». Obtenir des réponses précises et pertinentes à ces questions est une des clefs de la réussite d’un projet, indépendamment de la réalisation technique.

Phase « pendant » : Cette phase de réalisation peut elle-même se découper en plusieurs parties : la conception du logiciel, la réalisation, l’intégration et les tests. Pour chacune de ces parties, des actions sont possibles pour tenter de réduire l’impact négatif du service numérique.

Phase « conception » : Concevoir des interfaces sobres, penser à la compatibilité à long terme, réutiliser tout ou partie de logiciels existants, privilégier la basse technologie (ou low-tech), planifier la gestion des données ainsi que la gestion du logiciel sont autant de leviers à la disposition du développeur lors de la conception du service.

Phase « réalisation » : Cette étape consiste à coder et mettre en œuvre les technologies nécessaires, à réaliser des visuels, des contenus et à collecter et mettre en forme des données pour rendre le service accessible. Le choix d'un langage de programmation doit prendre en compte les compétences des développeurs et les choix d'architecture, car ces facteurs ont un impact plus important que le choix du langage lui-même. Il est recommandé de choisir des technologies pérennes et de privilégier la réutilisation de code fonctionnel déjà validé. Il faut éviter la complexité et réinventer la roue, et utiliser des outils de mesure pour évaluer les performances du code et optimiser l'utilisation des ressources. L'optimisation doit être limitée aux éléments qui ont le plus d'impact et ne doit pas être un prétexte à l'ajout de nouvelles fonctionnalités non essentielles ou à des tests superflus.

Phase d’intégration des tests : Dernière étape de la phase « pendant » du cycle de vie, cette phase n’est pas en reste. Il s’agit de mettre la qualité au service de la durabilité. La mise en place de tests permet de détecter les anomalies et d’assurer un important niveau de qualité du service.

Phase « après » : Une fois le service numérique réalisé et testé, il est encore possible de réduire son impact dans la phase « après », et là encore, à de nombreux niveaux. Lors de la mise en production, choisir un bon hébergeur, dimensionner au plus près du besoin, pratiquer l’amélioration continue et nettoyer les données inutiles, toutes ces actions ont un impact.

L’impact humain peut aussi se manifester pour produire de manière responsable, mais aussi anticiper la transformation des usages : Il est important de prendre conscience au plus tôt des comportements potentiellement induits par l’utilisation d’un futur service numérique, afin de réduire au maximum l’impact indésirable.