Suite du projet

Ce qui suit est une proposition visant à élargir la portée du CoSo-Score et qui pourrait faire l'objet d'un nouveau projet.

L'objectif est d'intégrer la convivialité au CoSo-Score, c'est-à-dire de proposer des critères quantifiables de convivialité, similaires à ceux de l'impact environnemental comme par exemple la consommation d'eau douce. En effet, nous avons jusqu'à présent travaillé sur un score qui serait uniquement calculé à partir de critères environnementaux (émissions de carbone, toxicité, impact sur la biodiversité, etc). Nous suggérons donc d'y intégrer la convivialité, qui prend beaucoup plus en compte la relation qu'un individu va entretenir avec un bien ou un service consommé. Illich Ivan définit la convivialité comme quelque chose que l'on peut utiliser aussi souvent ou aussi rarement qu'on le désire, en respectant les autres.

Nous avons donc commencé à réfléchir à quelques moyens permettant de prendre en compte la convivialité. Pour cela, nous nous sommes basés sur un schéma réalisé par S. Crozat. Nous avons donc réfléchi à des critères précis qui pourraient être pris en compte afin de quantifier chacun des 7 points intervenant dans la notion de convivialité (utiliser, ne pas utiliser, ne pas être utilisé, fabriquer, partager, modifier, réparer) :

Utiliser

On pourrait prendre en compte :

  • la durée qui sépare la volonté d'utilisation d'un bien ou d'un service de sa réalisation effective. Plus cette durée est courte et plus il est facile d'utiliser le bien ou le service. On pourrait ainsi définir une certaine durée de réaction à laquelle on attribue un indice 100 et on fait des produits en croix à partir de cette dernière pour attribuer un indice aux autres objets.

  • la facilité d'utilisation. Plus un objet est facile à utiliser et plus sa note selon ce critère sera élevée.

Ne pas utiliser

Différentes questions sont intéressantes à se poser pour définir ce que l'on entend par "ne pas utiliser" :

  • L'utilisateur est-il obligé d'utiliser le produit régulièrement ? 

  • Ou est-ce qu'il peut ne pas l'utiliser durant une certaine période sans qu'il n'y ait de conséquences ?

On pourrait également prendre en compte la facilité de trouver un substitut. Plus il est facile de le trouver et plus il est facile de ne pas utiliser un produit, ce qui fait que notre dépendance à son égard diminue.

On pourrait également imaginer prendre en compte la possibilité ou non de pouvoir acheter un produit car pour l'utiliser, il faut nécessairement l'acheter, ce qui n'est pas possible pour tout le monde. On intègrerait alors une dimension social-économique forte au score.

Ne pas être utilisé

On pourrait définir un degré de dégradation de l'objet en phase de non-utilisation pour une certaine durée (exprimé en unité de dégradation par an, par exemple).

Partager

On pourrait prendre en compte le nombre de personnes différentes qui utilisent un objet ou un service (le même individuellement). Ces chiffres pourraient être recueillis par des sondages réalisés par des instituts de consommation. Utiliser un produit, c'est l'utiliser pendant sa phase d'utilisation (pour sa fonction, et non par exemple pour le recycler ou le fabriquer). On pourrait ainsi proposer différentes méthodes de calcul possibles :

  • Indice :  on considère un nombre de personnes différentes qui correspond à un indice de 1 (ou 100, il faut juste définir sa base ; la 100 paraît plus parlante intuitivement) et on fait des produits en croix pour définir à partir de cela les indices des autre biens et services. L'inconvénient de l'indice est qu'il est peu connu du grand public et sert plutôt en économie pour des personnes qui s'y connaissent. Cela pourrait donc faire perdre en convivialité. De plus, comment choisir le produit de base ? Ce choix influencerait le comportement des consommateurs vis-à-vis d'autres produits.

  • Nombre de personnes : une autre possibilité est d'indiquer tout simplement le nombre de personnes différentes qui sont amenées à utiliser un produit au cours de sa phase d'utilisation.

La notion de partage d'un produit alimentaire à déjà été pensé dans les grandes surfaces, notamment lorsqu'il est indiqué la portion par personne dans un produit.

Fabriquer

  • On pourrait prendre en compte la façon dont est fabriqué un produit (droit du travail du pays, conditions de travail des ouvriers, utilisation d'animaux). 

  • Prendre également en compte le processus de fabrication et sa complexité serait aussi une idée : plus il est facile et plus l'objet produit est convivial (on pourrait ainsi prendre en compte le nombre de machines, leur prix, le temps nécessaire qu'il faut pour les manier correctement, le nombre d'employés qu'il faut pour les faire fonctionner, la complexité de la machine, son accessibilité). En effet, si l'on perd nos moyens de production, un produit ayant un processus de fabrication facile pourra continuer d'être fabriqué tandis qu'un objet complexe disparaitra. 

  • On pourrait également prendre en compte les matériaux qui interviennent dans la fabrication des produits (pas des machines car ces derniers auront déjà été pris en compte selon le critère mentionné plus haut) : nombre, dangerosité, accessibilité, disponibilité. 

  • Dans ce critère "Fabriquer", nous prenons donc en compte de nombreux sous-critères assez différents donc il serait intéressant de faire comme pour la partie soutenabilité du CoSo-Score, c'est-à-dire d'établir une pondération pour chaque sous-critère.

Modifier

On pourrait créer 2 sous-critères :

  • Modification par le fabricant : ce dernier pourrait être défini par le nombre de fois que le fabriquant va modifier le processus de fabrication de son produit. Par exemple, dans le cas d'un produit alimentaire, il s'agit du nombre de fois que la recette est modifiée. Nous faisons ici le présupposé qu'une modification va toujours dans le sens d'une amélioration de la convivialité (car le score de convivialité sur ce critère sera plus élevé). Ce présupposé peut évidement être discuté mais généralement, l'intérêt d'un commercial est d'améliorer son produit vis-à-vis des attentes de ses clients (donc vers davantage de convivialité).

  • Modification par l'utilisateur : il s'agirait de la possibilité de modifier plus ou moins facilement la fonction de l'objet.

  • On pourrait également intégrer le fait que le fabriquant demande l'avis de l'utilisateur pour la fabrication d'un produit ou la mise en place d'un service.

Réparer

On pourrait reprendre l'indice de réparabilité qui existe déjà mais l'étendre à davantage de produits (car aujourd'hui, il ne porte que sur peu d'appareils encore).

Critères supplémentaires

On pourrait aussi évaluer l'accessibilité, l'abordabilité (déjà évoquée dans un point précédent) ou encore l'utilité d'un bien ou d'un service (en plus des 7 critères précédents). Ce dernier point, l'utilité, pourrait être évaluée en s'inspirant du principe d'ataraxie d'Epicure en séparant les produits en fonction de leur "naturel" et de leur "nécessité". Cette distinction serait possible pour les biens (consommables et non-consommables) mais pas pour les services. Par exemple, un yaourt va être plus naturel et nécessaire que des confiseries, de même qu'un savon va l'être plus qu'un cosmétique.

Néanmoins, tous ces critères ne peuvent pas être évalués pour chaque type de produit. Ainsi, il paraît impossible d'appliquer le critère "réparer" aux produits alimentaires. Nous avons séparé l'ensemble des biens et services en plusieurs catégories en fonction des critères qui sont applicables (selon les définitions que l'on a proposées) :

Produits et services visés

Biens consommables :

  • Alimentaire (fabriquer, pas réparer, pas modifier, pas réparer, utilité, abordabilité (prix moyen à l'utilisation (définir une unité fonctionnelle)), degré de transformation de l'aliment, durée de vie de l'aliment.

  • Non-alimentaire (fabriquer, pas réparer , pas modifier, pas réparer, utilité, abordabilité (prix moyen à l'utilisation (définir une unité fonctionnelle)), degré de transformation de l'aliment, durée de vie. En résumé, il s'agit des mêmes critères que pour l'alimentaire mais ces derniers ne sont pas évalués de la même manière.

Services :

  • Être utilisé ou pas, accessibilité des différents services.

Biens non-consommables :

  • Meubles, électroniques, etc.

Autres sujets de réflexion

Il faudrait également se questionner sur la façon dont on intègre la convivialité au score. Fait-on :

  • un score convivialité et un autre soutenabilité et on ne les lie pas ?

  • un score convivialité et un autre soutenabilité reliés par une certaine pondération (60% pour la soutenabilité et 40% pour la convivialité par exemple)? Il faudrait alors définir cette pondération. Cette idée permet de connaître plus précisément son impact en fonction de la convivialité ou celui en fonction de la soutenabilité.

On pourrait également aller plus loin dans ce score en ajoutant d'autres dimensions que celles de soutenabilité et de convivialité. En effet, si l'on considère deux scores (un soutenable et un convivial) qui donnent un score total (en fonction d'une certaine pondération), pourquoi pas ne pas ajouter plus de critères dans le score comme par exemple, l'équité et la contribution à l'économie française ou bien un score nutritif (en le mélangeant au Nutri-Score par exemple) ? C'est d'ailleurs déjà une idée que propose en partie l'organisation "La note Globale" (voir "Etat de l'art") .