Hémodialyse low-techisée

Il est 15h, c'est au tour de Frédéric, infirmier, de passer au contrôle des écrans. Dans le centre d'hémodialyse dans lequel il travaille, l'équipe de quatre infirmiers se relaye toutes les heures pour surveiller les écrans.

C'est une tâche pour laquelle il faut être particulièrement précautionneux et attentif. En effet, les données, informations et autres dosages cruciaux des dialysats de tous les patients du centre sont rassemblés sur ces écrans, comme la vitesse du flux sanguin ou le volume d'ultrafiltration. En cas de problème, un voyant s'allume sur l'écran qui émet alors une alarme, mais malgré cela, l'infirmier au contrôle des écrans doit être particulièrement attentif, afin de réagir au plus vite en cas de problème. C'est pour cela que Frédéric, comme tous les autres infirmiers, ne reste pas plus d'une heure d'affilée à ce poste.

Fonctions

• Le centre d'hémodialyse low-techisé permet à l'infirmier du poste de contrôle d'avoir une vision globale sur tous les patients et leur état pendant la séance.

Valeurs

• Soutenabilité / Habitabilité : Centraliser les écrans permet d'économiser les ressources lors de la fabrication des générateurs d'hémodialyse.

Leviers

• Optimiser / Industrie et Modèle : Modifier la conception de la machine pour centraliser tous les écrans des appareils sur un poste de contrôle peut réduire la consommation des ressources.

Tensions

• Tension externe Convivialité / Progrès : Le fait de centraliser toutes les interfaces des générateurs d'hémodialyse peut causer une dépendance vis-à-vis des systèmes de transmission sans fil (Wi-Fi, Bluetooth...).

Hugo travaille en tant que technicien du système de traitement d'eau d'un centre d'hémodialyse low-techisé, situé dans les Hauts-de-France. Une particularité de cette région est qu'il pleut beaucoup, c'est pourquoi le centre en profite pour mettre en place un système de récupération d'eau. Cette eau est contenue dans des grandes cuves, alimentées par l'eau qui ruisselle des toits et qui s'écoule dans les cuves grâce aux gouttières. Elles sont vidées une fois par mois pour que leur contenu soit traité par le dispositif dont dispose l'hôpital.

C'est le travail de Hugo aujourd'hui. Il utilise un transpalette pour déplacer les cuves jusqu'au système de traitement d'eau, puis y envoie l'eau grâce à une pompe. Cette eau, une fois traitée servira à alimenter les douches, les sanitaires...

Fonctions

• Le centre d'hémodialyse permet de récupérer l'eau de pluie qui coule sur ses toitures et finit dans des cuves de récupération d'eau de pluie.

• Le centre d'hémodialyse permet aux techniciens de transporter l'eau de pluie depuis les cuves de récupération vers l'entrée d'un circuit de filtration d'eau de pluie en utilisant des transpalettes.

Valeurs

• Soutenabilité / Ressources : Utiliser l'eau de pluie permettrait, notamment dans des zones particulièrement pluvieuses, de s'appuyer dessus, pour libérer plus de ressources en eau desquelles dépendent des régions plus arides.

Leviers

• Optimiser / Analyse : Cette idée permet d'adapter la source des ressources en eau employée en fonction du lieu où se situe le centre d'hémodialyse, et surtout de son climat.

Tensions

• Tension interne Soutenabilité / Responsabilité : L'eau de pluie est fortement touchée par la pollution atmosphérique, et nous ne sommes pas sûrs que la filtration de ces éléments soit complètement garantie.

Patrick, technicien au centre d'hémodialyse de Paris, a développé l'utilisation de panneaux photovoltaïques dans le cadre des séances d'hémodialyse. L'idée est simple : dans de nombreux pays d'Afrique du Sud ou encore d'Amérique du Sud, mais également chez des patients dont les séances sont réalisées à domicile, l'accès à l'électricité n'est pas garantie en continu. En effet, les coupures d'électricité peuvent survenir à tous moments et durer plusieurs heures. Cependant, lors d'une séance d'hémodialyse, une coupure de courant peut s'avérer dangereuse notamment. En effet, cela implique un arrêt du traitement, qui s'il arrive trop régulièrement, entraîne une baisse de la dose de dialysat qui n'est plus adaptée aux besoins du patient. Par ailleurs, les séances d'hémodialyse ne sont pas des moments agréables pour les patients, une interruption de celle-ci ne ferait qu'augmenter le temps de soin nécessaire.

C'est à ce moment-là que l'idée de Patrick est révolutionnaire. En effet, à l'heure actuelle les hémodialyses low-techisées fonctionnent grâce à un branchement électrique, mais pas seulement ! Il est possible de faire passer leur fonctionnement sur des batteries chargées à l'aide de panneaux photovoltaïques placés sur le toit du centre. Au sein de ce centre d'hémodialyse, Patrick est le seul technicien capable de réparer ces panneaux solaires, sans l'aide de professionnels. En effet, le coût de réparation s'élève à 100€ l'heure ; afin, de diminuer les coûts, le centre a décidé de former l'un de ses techniciens afin de réparer les problèmes mineurs.

Par ailleurs, il faut toujours avoir une réserve de batteries chargées afin de diminuer le temps de non-traitement. Pour les patients qui sont hémodialysés à domicile, les batteries sont mises à leur disposition. Pour la plupart des patients qui sont hémodialysés en centre spécialisé, ce sont les infirmiers qui les ont en leur possession.

Fonctions

• Le centre d'hémodialyse low-techisé lui permet d'assurer un traitement en continu, c'est-à-dire avec le moins d'interruptions possibles pour des patients même en cas de coupures de courant.

Valeurs

• Responsabilité / Équité : Grâce à ce projet, l'ensemble des patients peuvent obtenir un traitement de qualité malgré les difficultés qu'ils peuvent rencontrer par l'accès aux ressources.

Leviers

• Optimiser / Modèle : Cette idée optimise le système de traitement en prenant en compte les coupures de courant qui peuvent subvenir à n'importe quel moment, en adaptant les générateurs d'hémodialyse low-techisés au plus grand nombre de personnes, dans le monde.

Tensions

• Tension externe Soutenabilité / Consumérisme : Par ce nouveau fonctionnement avec des panneaux photovoltaïques, les batteries peuvent provoquer un problème en ce qui concerne leur nombre. Certains pays en veulent beaucoup par peur de manquer en cas de coupure prolongée, finalement, leur consommation et leur achat augmentent.

Julienne, technicienne en hémodialyse au centre de Compiègne depuis plus de 10 ans, a partagé le projet des générateurs d'hémodialyse low-techisés auprès de ses confrères, en insistant sur la revalorisation du dialyseur. Lorsqu'un patient est hémodialysé, son sang et le dialysat circule en sens inverse au sein d'un dialyseur. C'est grâce à cette méthode, que le transfert des solutés est permis entre le sang et le dialysat. En effet, le sang qui arrive dans le dialyseur est chargé en déchets, ils passent par la membrane et se retrouvent dans le dialysat dans lequel ils sont éliminés. Par ailleurs, un patient atteint d'insuffisance rénale possède un déséquilibre de ses taux en électrolytes (potassium, sodium et calcium) ; afin de rétablir cet équilibre, il est important que le dialysat contienne, une concentration en ions égale à celle dont le corps a besoin. Tant que l'équilibre ne sera pas obtenu, les électrolytes continueront à traverser la membrane ; dans le cas contraire, l'équilibre est rétabli. En revanche, un problème subsiste, car à la fin d'une séance, ce dialyseur est jeté. Aujourd'hui, c'est 2,5 kg de déchets qui sont produits par une seule séance d'hémodialyse. Afin de diminuer la quantité de déchets de son centre, Julienne a donc contacté l'entreprise NUFiltration qui récupère les dialyseurs usagés, fabriqués par les industriels de l'hémodialyse, les reconditionne et les intègre à un système qui permet de filtrer de l'eau normalement impropre à la consommation en éliminant les pathogènes, sels et résidus pour la rendre potable. Grâce à cette solution, les dialyseurs sont revalorisés réduisant ainsi la production de déchets et elle agit en parallèle sur les pénuries en eau potable, limitant ainsi les maladies liées à la consommation d'eau insalubre dans certains pays.

Fonction :

• Le centre d'hémodialyse low-techisé permet aux experts de revaloriser le dialyseur suite à une hémodialyse, grâce au système de NUFiltration.

Valeur :

• Soutenabilité / Ressources : Grâce à ce système, la quantité de déchets produite est réduite.

Levier :

• Optimiser / Analyse : Ce système permet d'agir sur la fin de vie en revalorisant le dialyseur.

Tension :

• Tension externe Optimiser / Progrès : Cette technologie permet de réduire la quantité de déchets à court terme ; mais une fois que la membrane (qui est dans le dialyseur) est usée, il faut jeter le dialyseur.

Olivier, ingénieur, a décidé de relever un défi : créer une entreprise qui construit des centres d’hémodialyse autonomes et respectueux de l’environnement. Son idée est de concevoir des centres d'hémodialyse low-techisés afin d'améliorer la qualité de vie des patients en hémodialyse, tout en minimisant l’impact environnemental de l'hémodialyse. Les centres d’hémodialyse conçus par Olivier sont équipés de panneaux photovoltaïques sur le toit. Olivier a pris l'initiative de joindre les idées d’utiliser le dialysat usé, qui est généralement jeté, pour alimenter un système d’irrigation pour le jardin du centre et celle des écrans non tactiles. Pendant la conception des centres, Olivier veille à ce qu'ils résistent aux futurs climats. Ils sont donc construits de manière à résister à des températures élevées et à un taux d’humidité important, ce qui les rendent particulièrement adaptés aux régions où les intempéries peuvent devenir extrêmes, mais également aux régions du monde qui possèdent un climat tropical. De plus, le choix des matériaux lors de la construction a été crucial. Olivier a opté pour des matériaux locaux, durables et recyclables autant que possible. Par exemple, le bois utilisé pour la construction provient de forêts gérées de manière durable. De plus, tous les matériaux ont été choisis pour leur faible empreinte carbone.

Ainsi, grâce à l’ingéniosité et à la vision d'Olivier, les patients en hémodialyse peuvent bénéficier de soins de haute qualité tout en contribuant à un avenir plus durable. 

Fonctions

• Le centre d'hémodialyse low-techisé permet aux infirmiers et aux ingénieurs que les patients soient hémodialysés en toute sécurité, de manière écologique et dans un environnement éco-responsable.

Valeurs

• Soutenabilité environnementale / Ressources : Les ressources utilisées pour ces centres sont choisies de manière écologique.

Leviers 

• Optimiser / Modèle-industrie : Penser à produire des centres avec des ressources durables pour les préserver.

Tensions

• Tension de l'optimisation : L'installation et la production de panneaux solaires peuvent avoir de gros coûts.

Josselin est infirmier dans un centre d'hémodialyse low-techisé. Dans la plupart des centres, les générateurs d'hémodialyse ont une sortie à l'égout, qui permet de jeter le dialysat usé. Cependant, il faut savoir que le dialysat est très riche en azote, ce qui en ferait un très bon engrais. C'est pourquoi dans le centre dans lequel travaille Josselin, le dialysat n'est pas envoyé aux égouts mais stocké après chaque séance dans une cuve. 

À la fin de chaque séance, l'infirmier en charge du patient en question apporte la cuve du générateur d'hémodialyse low-techisé vers un système de traitement, afin de retirer tous les médicaments et autres produits nocifs pour la biodiversité présents dans le dialysat. Le dialysat traité est ensuite stocké dans une cuve.

Il est 18h, le centre est proche de la fermeture, Josselin et les autres infirmiers prennent le temps d'aller remplir quelques arrosoirs dans la cuve à dialysat, pour aller arroser le potager de l'hôpital. Ainsi, nul besoin d'aller acheter de l'engrais ! Les légumes provenant de ce potager pourront être consommés par le personnel du centre et par les patients.

Fonctions

• Le centre d'hémodialyse low-techisé permet aux personnels de santé de réutiliser le dialysat comme engrais, plutôt que de le perdre en le jetant.

Valeurs

• Soutenabilité / Biodiversité : La fabrication d'engrais azoté est très polluante, en utilisant le dialysat qui est riche en azote comme engrais, on favorise la pousse de légumes sans abimer le sol, les plantes ou les insectes présents.

• Soutenabilité / Ressources : Les 60 L de dialysat usé ne sont donc plus jetés aux égouts mais réutilisés. 

Leviers

• Optimiser / Analyse : il s'agit de faire une meilleure analyse du dialysat usé qu'on considère actuellement comme un déchet pour en tirer profit.

Tensions

• Soutenabilité / Biodiversité : À force de verser le dialysat dans le sol, le taux d'azote pourrait être trop élevé et nuire à la biodiversité.