Face à la croissance verte

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https://shs.cairn.info/revue-multitudes-2019-2-page-196?lang=fr

par Sofía Ávila, chercheuse à l’Institut de Ciència i Tecnologia Ambientals à l’Universitat Autònoma de Barcelona, et Siddharth Rao, directeur de l’écologie et de la protection au Collectif Timbaktu.

Article publié en 2019 dans la revue Multitudes, n°75.

Contexte

Il est discuté d’un méga-projet éolien en Inde, dans l’Andhra Pradesh.

L’auteure montre une compétition entre deux visions/processus: l’expansion progressive d’installations d’énergie éolienne comme fer de lance de la transformation territoriale par l’industrialisation d’une part, et de l’autre les perspectives du Collectif Timbuktu, une organisation qui, depuis 1991, travaille avec les communautés locales pour construire un projet social basé sur « les communs ».

Idées principales

  1. Pour tout méga-projet (y compris concernant les énergies renouvelables dans ce cas-ci), le débat n’est pas neutre, car il existe des compréhensions différentes des relations éco-sociales qui politisent ainsi le débat sur la durabilité.

  2. Un méga-projet en soi implique parfois des installations supplémentaires qui ne sont pas directement explicitées dans le projet. Il faut donc faire attention à la transparence des informations données par les porteurs de projet.

  3. La démarche de compensation écologique (qui est déjà fortement contestée sur le principe**) nécessite un contrôle (en plus de simples politiques réglementaires) : au niveau des mesures de compensation en elle-même, et de leur efficacité. Sinon, celles-ci n’ont aucun intérêt.

    ** On ne peut complètement reconstruire un écosystème :on perdra dans tout les cas toute la richesse de la biodiversité détruite car un écosystème est non seulement caractérisé par les espèces qui y vivent, mais aussi (et surtout) par un schéma complexe d’interactions entre celles-ci

  4. Les méga-projets peuvent engendrer une croissance inégale : “Comment sont utilisées les ressources énergétiques, qui les possèdent et au bénéfice de qui ?”

  5. « Parmi les multiples dimensions couvertes par ce collectif écologico-social, les questions énergétiques et climatiques sont abordées comme des sujets transversaux et non comme des thèmes isolés à gérer de manière technico-économique.” Le collectif Timbaktu a ainsi une logique opposée à celle des porteurs de méga-projets.