Histoire des luttes contre les mégaprojets (XIXe - XXIe siècles)
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https://canalternatif.fr/docs/HT02_Histoire lutte GPII.pdf
par Robin Guilleux, étudiant d’HuTech à l’UTC
Mémoire de HT02 rendu au printemps 2024
Objectifs du mémoire : point de vue historique sur l’organisation de la lutte contre les grands projets d’aménagement, leurs enjeux sociaux-environnementaux ; ET servir de contre expertise aux mégaprojets
Lutte en trois temps
Le mémoire explique une vision du conflit environnemental qui peut se découper en 3 phases successives :
Contestation : c’est la phase d'opposition, de protestation justifiée et raisonnée et de propositions d'alternatives.
Résistance : cette phase résulte d’un refus de la justice de prendre en compte les contestations. C’est un principe intrinsèque au pouvoir, qui mène vers soit la réussite, soit la défaite.
Négociation : Si les dirigeants « risquent de tout perdre », on entre dans cette phase. On parle alors d’arrangements, on prend en compte les intérêts de chacun et les différents partis proposent des compromis.
Exemple : le barrage Tucuruí, septembre 1982
Le barrage Tucuruí est un mégaprojet de barrage hydroélectrique en Amazonie, au Brésil, exploité par Eletronorte. Sa construction a forcé le déplacement de 32.000 personnes. Les foyers touchés ont été comptabilisés par Eletronorte en passant par le SPI (le Service de Patrimoine Immobilier), afin de les indemniser.
La phase de résistance est portée par des militants bloquant l’accès au SPI, et par l’évêque de Cametá dénoncant à la presse « l’action néfaste de l’entreprise auprès des populations ».
Cette résistance mettant en danger le mégaprojet, l’entreprise a décidé de rentrer dans une phase de négociation, qui résulte cependant en l’inauguration du barrage 2ans plus tard.
Radicalité dans les luttes
La fenêtre d’Overton est une théorie politique, qui désigne les idées qui sont considérées comme acceptables par l’opinion public (à opposer avec ce qui est en dehors de la fenêtre d’Overton, qui paraît donc invraisemblable au public). L'émergence de branches radicales dans la lutte permet d’ouvrir la fenêtre d’Overton, c’est-à-dire de rendre une idée nouvelle acceptable, tolérée par la société.
La radicalité dans les luttes permet de fissurer la notion de naturalisme (l’idée de séparer la nature de la culture, les humains des non-humains). Cela permet de réintègrer l'ensemble du vivant dans la lutte.
On envisage ici la lutte comme une action citoyenne et démocratique, un moyen d'expression de l'opinion, qui permet de renverser les rapports de force et de se réapproprier les enjeux politiques.