De la bureau-cratie à la tout-doux-cratie : refonder la gouvernance associative

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Duchemin, Quentin. « De La Bureau-Cratie à La Tout-Doux-Cratie : Refonder La Gouvernance Associative ». Framablog, 5 septembre 2022, https://framablog.org/2022/09/05/de-la-bureau-cratie-a-la-tout-doux-cratie-refonder-la-gouvernance-associative/.

Dans cet article, un membre de l’application Picasoft explique le cheminement qui les a mené à leur mode de gouvernance actuelle.

"Ce billet raconte une histoire : l’histoire d’un hébergeur associatif étudiant et universitaire face à ses dilemmes internes. Un chaton au bord de la crise de nerfs. Mieux sécuriser les données des utilisateur·ices au prix d’un flicage des bénévoles ? Militer pour des thèmes qui ne parlent pas à tout le monde ou rester consensuel ?"

Enjeux des modes de gouvernances

  • favoriser la fluidité au détriment du consensus/préférer la lenteur à l’urgence, maximiser la satisfaction globale quitte à autoriser une insatisfaction marginale très forte

  • un processus de décision n’est jamais neutre.

  • il est indispensable de choisir explicitement un processus de décision, sous peine de laisser les rapports de domination se reproduire subrepticement.

Historique de la gouvernance à Picasoft

Les premiers statuts de Picasoft sont calqués sur ceux de Rhizome : l’association est dirigée par un Bureau d’au moins trois membres. Toute prise de décision relevant du Bureau est soumise au vote. Le bureau est renouvelé régulièrement et doit rendre des comptes en AG :

  • Problème dans la protection de la vie privée et besoin de réduire les accès

  • Accès à l’infrastructure sont donnés de la main à la main, sans trace nette, et ne sont jamais révoqués, même pas après que le départ des membres. L’idée que cette situation est problématique fait consensus

DONC désignation d’une personne qui centralise la gestion des accès à l’infrastructure

MAIS le rôle de responsable technique est très inconfortable car trop grande responsabilité, trancher entre « avoir accès » et « ne pas avoir accès », définir les contours du besoin de chaque membre, faire des procédures standardisées et un examen minutieux des demandes d’accès, chaque étape (test, partage, déploiement, gestion des sauvegardes, communication…) nécessite des accès différents, et autant de potentielles discussions et argumentations sur votre légitimité à briguer ces accès

>> Les règles de fonctionnement étaient propices à faire émerger ce genre de tensions

La gouvernance de l’association doit être intégralement repensée pour permettre l’inclusion de chaque membre et la répartition des responsabilités.

Différentes options

  • Horizontalité : le problème est que toute initiative est bloquante jusqu’à participation des membres. (prend du temps, charge les personnes motivées de convaincre, systeme souvent hostile aux changement)

  • Do-cratie : les personnes qui font ont le pouvoir, mais il déstructure le mode de gouvernance. Il ne donne aucun moyen de résoudre les conflits entre les doers

  • Autogestion :, mais l’absence de structure n’existe pas, lorsque la structure est intégralement informelle, deux phénomènes peuvent se produire : la formation d’élites et de stars

Principes de la « tout doux cratie »

  • Faire et laisser faire (permettre à Picasoft d’être un lieu où chacun·e peut agir).

  • Se préoccuper des opinions des autres membres (partager l’information, s’informer).

  • Rechercher le consensus (accepter les compromis, être amical·e et favoriser la vie ensemble).

  • Faciliter l’action des personnes motivées sans écraser les autres ; c’est pourquoi le nom dénote la fluidité (to-do) et le soin (tout-doux). 

Création d’une « tout doux cratie »

  • Fonctionnement grâces à des actions ordinaires et extraordinaires :

    • « laisser-faire sauf en cas de véto » donne un pouvoir disproportionné à chaque membre (détruire est plus facile que construire)

    • Rechercher le consensus (accepter les compromis, être amical·e et favoriser la vie ensemble).

    • La charge pèse sur la personne qui est contre ; elle devra prouver que l’action doit être annulée en sollicitant un rejet collectif. Si elle n’y parvient pas, alors l’action est légitime à être menée.

  • Abolition du bureau juste représentant mais pas de pouvoir décisionnaire, avec un droit de retrait.

  • Système ouvert, c’est-à-dire que devient membre toute personne qui en fait la demande, avec des devoirs (Aider les autres à agir, participer au processus de tout-doux-cratie, c’est-à-dire donner son avis lorsqu’il est demandé, voter, rester informé·e et participer aux AG).

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