Désescalade numérique

« Les outils d’animation de l'éducation populaire : les cas du débat mouvant, du groupe d’interviews mutuelles et de l’arpentage » par Hugo Fourcade, dans Cahiers de l’action, n°61, 2023.

Hugo Fourcade est doctorant en sciences de l’éducation et sciences politiques aux laboratoires LACES et PASSAGES à Bordeaux, militant associatif et d’éducation populaire. Il a été impliqué dans l’université populaire de Bordeaux, puis au comité régional des associations de jeunesse et d’éducation populaire (CRAJEP) en Nouvelle Aquitaine. Hugo Fourcade a expérimenté diverses méthodes d’éducation populaire visant à favoriser l’implication collective. Il revient dans cette contribution sur trois d’entre elles (débat mouvant, arpentage, interview mutuelle) afin d’en expliquer les mécanismes et d'en révéler certaines limites.

Le concept de débat mouvant consiste à énoncer une affirmation demandant aux participants de prendre partie. Ensuite, deux groupes sont constitués, l’un en accord avec l’affirmation, l’autre en désaccord. La prise de position se réalise debout. Puis des trios sont formés au sein de chaque groupe afin de préparer des arguments défendant la prise de partie choisie. Enfin, on donne la parole via un bâton à chaque participant afin qu’il explique son point. On essai d’alterner les groupes et de limiter le temps de parole de chaque participants pour que le débat reste équilibré . De plus, les personnes n’ayant pas encore parler sont prioritaires pour avoir le bâton. Cela laisse donc l’ensemble des participants donnés leur avis. Ainsi, tout le monde est impliqué, d’abord par un choix individuel puis par une prise de position collective. Durant le débat, toute personne voulant changer de groupe peut le faire en se déplaçant. Cela engage d’avantage la prise de décision et la recherche d’arguments et d’exemples pour expliquer son point de vue.

L’éducation populaire repose surtout sur l’oralité des activités. Celles-ci sont cadrés afin de ne pas perdre de vue le but de l’exercice mais elles sont flexibles.

L’éducation populaire joue sur la notion de groupe dans notre société. Elle vise à nous faire redéfinir ce que nous percevons dans la société, nous montrer de nouveau possible. Par exemple : le fait de prendre un objet (un bâton pour parler) nous fait réfléchir sur les agencements sociaux mis en place aujourd’hui pour prendre la parole. Ce n’est en effet pas aussi simple lors d’une conférence avec une estrade par exemple. Les groupes sont également influencés par les « positions sociales ». Permettre à tous·tes de pouvoir parler équitablement, redéfini la place de chacun dans un autre système.

Le concept de groupe d’interviews mutuelles consiste à former des groupes de trois personnes. Un thème est proposé, puis chacune des personnes va raconter en 15minutes une anecdotes ou une expérience qu’elle a vécu. Cela doit être un moment assez précis qui ne doit pas s’étaler dans le temps et doit être soit très positif soit très négatif vis-à-vis du thème donné. Les deux autres personnes vont alors poser des questions sur la chronologie ou pour avoir des précisions. Cela permet d’avoir une réflexion sur la situation avec des personnes naïves. Néanmoins, une certaines compréhension collective va se développer avec un sentiment de sécurité et de bienveillance. Tout le mone raconte quelque chose à tour de rôle donc cela favorise le non-jugement. De plus, cela permet de chercher les causes ayant provoqué ce moment et de mieux comprendre son environnement et son appréhension du monde face à ces situations.

• Éducation populaire : Il s’agit de transformer nos méthodes d’apprentissage verticaux vers des méthodes collectives plus horizontales s’inscrivant dans le partage des connaissances. Cela sert également à repenser notre conception de la société et des fonctionnements des groupes lors d’interactions.